mercredi 28 janvier 2009

Une pédagogie de la maladie est-elle possible?

Emma Hauck "Letter to my husband" 1909


En 2008 la philosophe Claire Marin a publié un récit "Hors de moi" et un essai "Violence de la maladie violence de la vie", les deux ouvrages contribuent à la "Critique de la raison médicale" que George Canguilhem appelait de ses voeux en 1978 dans "Une pédagogie de la guerison est-elle possible?".
Ces œuvres ébauchent une précieuse pédagogie de la maladie dont l'enjeu est de compléter la science biomédicale par une connaissance approfondie de la maladie comme expérience subjecive. Claire Marin souligne qu'il nous est aujourd'hui difficile de reconnaître que comme la mort, la maladie fait partie de la vie. Elle nous alerte sur le fait qu'à la violence de la maladie peut s'ajouter une autre violence, celle du déni de la réalité même de la maladie.
Notre société nourrit un idéal de santé, de jeunesse et de performance. Elle se représente souvent la maladie comme un accident imprévisible et évitable, un accident passager, qui grâce aux prouesses de la médecine et la volonté conjointe des soignants et des soignés doit trouver son issue dans la guérison.
Cette idéalisation de la vie et et de la médecine, cette occultation de la maladie comme nécessite vitale et comme réalité vécue peuvent conduire à une certaine violence du soin; il est en effet possible de dispenser des soins tout en négligeant l'expérience propre de la personne soignée.
La philosophie rappelle pourtant la nécessité vitale de la maladie. Nourrie par les arts et la littérature, elle permet aussi de décrire dans ses multiples dimensions subjectives et sociales, l'expérience de la maladie.Celle-ci affecte l'identité corporelle, personnelle et sociale. Elle bouleverse la perception de soi, de la temporalité de l'existence, des relations aux autres et au monde.
Dans cette perspective, la philosophie peut participer à une pédagogie de la maladie dont l'enjeu serait de former les médecins et les soignants à reconnaître, comprendre et respecter la singularité de chaque patient.
Ainsi pourrait s'instaurer une relation véritable de soin qui briserait le tête-à-tête douloureux du malade et de sa maladie et qui aiderait ce dernier à donner du sens à sa maladie.
Il s'agit d'une éthique du soin.

Pour approfondir la question, visiter le centre Canguilhem, dont ce résumé est issu et le compte rendu de la conférence de C. Marin

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