mardi 6 janvier 2009

Le monde tourne trop rond

L'obésité: éléments de réflexions sur une stratégie de santé publique.
Première partie.

L'obésité est devenue la première maladie non infectieuse de l'histoire. L'OMS parle d'épidémie qui touche aussi bien les pays industrialisés que ceux en voie de développement. En France les principales données sont fournies par ObEpi, et montrent une augmentation régulière de l'obésité entre 1997 et 2003. Selon le dernier classement de l'International Obesity Task Force la prévalence de l'obésité en France se situe au 23ème rang sur les 25 de l'Union Européenne. Elle est équivalente à celle des Etats-Unis en 1991, et si le taux d'accroissement se maintient, un adulte sur cinq sera obèse en 2020.
Maladie plurifactorielle, reconnue aujourd'hui comme maladie chronique, l'obésité est à l'origine de certains types de diabète, de cardiopathies, d'attaques cérébrales, et a un effet aggravant sur plusieurs autres affections. Environ 5 milliards d'euros des dépenses de santé sont liées au traitement des troubles cardiaques et diabète de type 2.
Les causes majeures sont l'évolution des modes alimentaires, la sédentarité accrue et les prédispositions génétiques.
Sur le plan bio-psycho-social, l'obésité est souvent source de discrimination, notamment à l'embauche, et entraîne de fréquentes dépressions tant chez l'enfant que l'adulte.
En 2000, L'Etat lançait le Programme Nutrition Santé (P.N.N.S 1), pour réduire l'obésité en France à l'échéance 2005. Pourtant l'enquête ObEpi menée en 2006 a montré que ce fléau gagnait encore du terrain: près de 14 millions de personnes en surpoids et environ 6 millions d'obèses. Ainsi, un P.N.N.S 2 succède au premier.
Mais on ne peut s'en tenir à de simples recommandations visant à diminuer l'apport en graisses: l'idéal serait de mettre en oeuvre une approche systémique, pluridimensionnelle et tenter de réfléchir à des actions concrètes.

Vers L'Unité Pour la Santé

Il s'agit de mettre en équilibre quatre valeurs afin de répondre de manière optimale aux besoins de santé des individus et des populations:
  • La Qualité: réfère à l'offre et la gestion de soins et services de haut niveau scientifique. Dans le problème de l'obésité la prise en charge est bien souvent inadéquate du fait d'un matériel médical inadapté (tensiomètres, lits, brancards, scanners..). D'autre part rappelons que que l'obésité est souvent associée à d'autres pathologies et qu'un consultation standard ne peut répondre à une prise en charge globale.
  • L'Equité: doit assurer que chacun des membres d'une même communauté ait les mêmes opportunités d'amélioration de santé et de bien être. Le Docteur Lecerf de l'institut Pasteur de Lille le confirme si besoin était: l'obésité et le surpoids sont plus présents dans les tranches de population les plus défavorisées. Lorsque les revenus sont bas, la part du budget consacré à l'alimentation diminue. Les ménages se tournent vers des produits transformés: les plus caloriques et les moins chers. La paupérisation de notre société pourrait être un des facteurs de l'augmentation de l'obésité.
  • La Pertinence: il s'agit des services en santé proposés en fonction de l'épidémiologie ou d'autres critères tels que la vulnérabilité des personnes. Comme définit en préambule l'obésité représente un problème de santé publique majeur. L'étude ObEpi 2006 révèle que 24 millions de personnes souffriraient de problèmes de poids, soit 2,3 millions de plus qu'il y a 10 ans...
  • L'Efficience: cette valeur fait référence aux services qui utilisent de manière optimale les ressources disponibles. On peut ici parler de coût/efficacité. Les résultats français rapportent que le coût de l'obésité représente plus de 2% des dépenses de santé. Il s'agit d'un critère important dans l'élaboration de politique de santé. L'approche économique est un facteur essentiel pour le choix des modalités thérapeutiques et de prévention dans la prise en charge de l'obésité.
Le défi de de la stratégie de L'Unité vers la Santé repose sur le fait qu'elle appelle à une contribution active de l'ensemble des professionnels ou intervenants en santé. C'est ce que Charles Boelen appelle:"Le Pentagone du Partenariat". Ce pentagone représente les relations possibles entre les cinq groupes de partenaires"clef": les décideurs politiques, les gestionnaires de santé, les professions de santé, les communautés et les institutions académiques.

Après avoir brossé ce tableau général, je vous présenterai dans le prochain message, des possibilités de mise en route de cette stratégie de prise en charge de l'obésité.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est moi qui ait proposé a ma maman de faire un article sur l'obésité parce que j'ai vu un zapping signalant qu'en France,19% des obèses étaient issus d'une famille pauvre! je suis très fière de ce qu'elle a fait!
Apolline.

Anonyme a dit…

Le contraste est absolument choquant entre les nourritures des Fêtes et leurs recettes chichiteuses, leur prix de vente inimaginables (trois mois de RMI pour très peu de caviar), et le budget alimentaire d'une famille monoparentale pauvre et très économe: là, pas de 5 fruits et légumes par jour, peu de protéines. Il reste les hydrocarbones et les sucres, avec l'obésité en prime...
Quel plan santé pour enrayer le fléau?
Bert