La révolte gronde parmi les usagers du système de santé. Leur indignation est de plus en plus audible. Ce qu'ils expriment avec force, c'est un sentiment insupportable de culpabilisation et d'infantilisation. Coupables d'être malades, de susciter des prescriptions superflues, de se goinfrer de médicaments, de pratiquer le "nomadisme médical"... Coupables d'avoir fumé, d'avoir trop bu, trop mangé, trop joui de l'existence, soupçonnés de frauder, d'abuser des arrêts-maladie, de profiter du système... Égoïstes et irresponsables, incapables de mesurer les conséquences économiques de leurs coupables faiblesses. Cette image péjorative, les usagers du système de santé la considèrent comme une violence, et comme telle la rejettent avec force.
Que faire? D’abord, cesser de regarder les problèmes de financement par le petit bout de la lorgnette: les usagers ne sauraient être tenus pour les uniques responsables des déficits constatés. Ensuite interroger les déterminants qui font que la dépense liée aux consommations de médicaments est en France la plus importante d'Europe. Enfin, cesser de croire que la culpabilisation des personnes les incitera à adhérer à une théorie, une norme ou à changer de comportement. La culpabilité incite à un repli sur soi mortifère, diminue l'estime de soi et conduit au rejet de l'entité culpabilisante, qu'il s'agisse d'une personne, d'un groupe social ou d'une société toute entière. Ce n'est pas en désignant les coupables que l'on accroîtra la nécessaire solidarité entre tous, malades et bien portants. La gestion du système de santé est une affaire trop sérieuse pour n'être réduite qu'à une écriture comptable. Il s'agit donc d'associer les usagers aux débats de santé qui les concernent. Il y va de la responsabilisation de tous, professionnels, usagers et citoyens.
Comme en réponse à ce billet d'humeur de C.Ferron et à l'un de mes messages posté le 16 Novembre dernier, la Conférence Nationale de santé organise le 18 Décembre 2008 à Paris, conjointement avec la Conférence Régionale de Santé d'Ile de France, le premier débat public de sa mandature sur le respect des droits des usagers du système de santé.
Les inscriptions se font soit par téléphone: 01.40.56.47.44 ou 01.40.56.63.73 soit en ligne à cette adresse.
Le moment pour tous de faire entendre sa voix, d'être partie prenante. Acteurs et partenaires de notre système de santé.
4 commentaires:
Hier je me suis rendu aux urgences d'un Hopital parisien. J'étais en souffrance. L'interne, au terme d'un examen expéditif, a décrété que je n'avais rien. Cependant, il dit qu'il allait me prescrire des antidouleurs et des anti-inflammatoires. "Pour votre gorge", ajouta-t-il avant de sortir. Gorge qu'à aucun moment il ne prit la peine d'examiner. Je suis parti sans attendre son retour. Je voulais donner un nom à ma douleur, pas une prescription.
Le système de santé français est malade, lui aussi...
On parle beaucoup de sa maladie économique. On parle aussi du dérèglement de certains de ses organes, dont les Urgences. On parle moins du mal sournois qui mine son système médical: les études de médecine et le recrutement des futurs médecins, la répartition territoriale du corps médical, les spécialisations, le statut des médecins étrangers...
C'est à ce mal du système qu'il faut s'attaquer.
Les "Assises" de décembre, quant à elles, aboutiront-elles enfin à l'ouverture de centres de proximité pour le dépistage et l'orientation hospitalière des patients en souffrance ou en inqiétude ?
Bert
Bonjour, et merci pour vos commentaires, qui alimentent une réflexion que je me faisais, et que je vous livre:Il existait ,il y a quelques années, survivance d'une époque que l'on croyait révolue, des établissements qui permettaient à de nombreuses personnes démunies ou "à la peine" de se faire soigner : les dispensaires.
Que ces établissements aient eu besoin d'évoluer nul n'en doute - les meilleurs héritages doivent un jour être toilettés- mais la disparition pure et simple de ceux - ci obligeant les malades, démunis, non en règle avec la règlementation française en vigueur, à se rendre à l'hôpital public amène un certain nombre d'entre eux à refuser l'offre de soins existante par : peurs diverses... De surcroît la multiplication des formalités administratives ne permet pas à tous de franchir la bonne porte d'entrée.
Au delà de ce problème, c'est toute la partie accueil et urgences à l'hôpital qui reste posé.
Une réflexion sur les tarifications pour les prestations dispensées en hôpital reste d'actualité pour tous.
Valérie.
Est-ce que ce serait le combat de David et Goliath que de militer (comment?) pour des Portails de santé, dans l'idée des dispensaires et de l'accueil de proximité, pour TOUT âge?
Bert
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