samedi 22 novembre 2008

IN VINO VERITAS

Entre 2002 et 2007, les hospitalisations des jeunes pour comas éthyliques ont augmenté de 50%. 57% des mineurs de 17 ans déclarent avoir déjà connu l'ivresse. Les ivresses répétées concernaient plus du quart (26%) des jeunes en 2005, contre 19% en 2003. Enfin, les hospitalisations pour ivresse aiguë ont augmenté de 50% entre 2004 et 2007 chez les 15-24 ans.

Le Ministre Roselyne Bachelot a décidé de faire de l'alcoolisation des jeunes la cible majeure du volet santé publique du projet de loi "Hôpital, patients, santé et territoires" [à l'origine essentiellement consacré à la réorganisation du système de santé], avec notamment l'interdiction totale de vente d'alcool aux mineurs. Des voix s'élèvent et dénoncent les peines encourues par les revendeurs, qui paraissent excessives pour être applicables. Le texte prévoit en effet que la vente à des mineurs sera "punie de 3.750 euros d'amende", et la récidive "d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende".

D'avance pardon pour l'avalanche de chiffres mais ils sont nécessaires pour poser les termes du problème.

  • La consommation d’alcool est en baisse depuis une quarantaine d’années en France, elle a été divisée par deux, passant de 26 litres d’alcool pur par individu de plus de 15 ans en 1960 à 12,9 litres en 2006 [source]. Cette baisse marquée de la consommation d’alcool est principalement imputable à la diminution des quantités de vin consommées . Néanmoins, du fait de l’augmentation des prix [source], le chiffre d’affaires de la filière alcool en France connaît une évolution favorable pour représenter 14,2 milliards d’euros en 2004, se décomposant en un chiffre d’affaires réalisé en France de 9,6 milliards et de 4,6 à l’exportation.

  • La filière alcool représentait près de 500 000 emplois en France en 2000, qu’ils soient directs ou indirects [source]. C’est aussi un secteur contribuant très fortement au solde du commerce extérieur: près du tiers du chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger. La France se place ainsi dans les premières positions d’exportation de vin, de spiritueux et de bières. La filière alcool contribue aussi aux finances publiques. En 2003, les recettes fiscales hors TVA provenant de la filière étaient estimées à 2,8 milliards d’euros. 80 % de ces recettes provenaient des spiritueux, 10 % des bières et 4 % étaient issues de la taxation des vins, enfin 6 % de ces recettes étaient retirées de la taxation des produits intermédiaires et d’autres produits.

Nous pouvons saluer l'initiative (pas encore adoptée par les élus) de Mme Bachelot dans un pays de vignes et, insistons, premier producteur et consommateur mondial de vin. Est-il envisageable qu'un gouvernement aussi pragmatique (sic) que celui de Mr Sarkozy (qui n'a pas tous les vices puisqu'il ne boit pas) vote une loi qui risquerait d'impacter un pan entier d'une économie déjà fébrile?

Questions:
  1. L'augmentation de l'alcoolisation des jeunes est-elle seulement due à l'accès facile à l'alcool, qu'il conviendrait dès lors de limiter? En ce cas, pourquoi ne pas interdire la vente de pâtisseries aux mineurs souffrant d'obésité?
  2. N'y a-t-il pas un malaise plus profond qui les inciterait à s'enivrer, quand la consommation globale d'alcool est en chute depuis 40 ans? Comment expliquer qu'une génération aille à contre-courant d'une tendance de fond?
  3. N'y a-t-il pas lieu de s'interroger sur cette anomalie, d'en identifier les déterminants environnementaux, et de mettre en place une politique de sensibilisation et d'éducation appropriée et efficace?


1 commentaire:

Edith a dit…

Oui, bien sur qu'il y a lieu de s'interroger sur le fait que certains jeunes s'enivrent, d'en identifier les déterminants environnementaux, et de mettre en place une politique de sensibilisation et d'éducation appropriée et efficace, mais cela n'empeche pas non plus d'interdire totalement la vente d'alcool a des mineurs. Je suis POUR!
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J'ai entendu parler de l'emission de television qui a eu lieu hier, sur l'alcool et les jeunes, et je pense que la sante des jeunes passe avant notre economie. Tant pis, si en votant une loi interdisant totalement la vente d'alcool aux mineurs, fait baisser un pan de notre economie. C'est trop important la sante ! Une telle loi ferait prendre conscience a tous les jeunes que boire un ptit verre quand on va a une boum, ca peut etre lourd de consequences.
Et sinon,il parait que les magasins qui vendent de l'alcool aux jeunes sont deja passibles d'une amende en France. Cependant, le hic, c'est qu'il n'y a AUCUN controle ! on ne leur demande pas si ils ont leur carte d'identite, on leur demande si ils ont une carte de fidelite du magasin!
Valerie, quand est ce que ce projet de loi devrait passer devant l'Assemble normalement?