lundi 12 janvier 2009

Le monde tourne trop rond

L'obésité: éléments de réflexion sur une stratégie de santé publique.
Deuxième partie
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Dans une première partie, un état des lieux sur l'obésité a été dressé, avec une première approche faisant référence aux valeurs de l'Unité pour la Santé, et surtout au Pentagone du Partenariat, concept développé par C. Boelen


Chaque partenaire a ses forces et ses contraintes, ses attentes et ses objectifs. Il s'agit de générer un partenariat productif et durable, dans un engagement à long terme, tant au niveau des actions que des acteurs.

Les gouvernements hésitent à prendre des mesures qui affectent les systèmes alimentaires, en raison de leurs répercussions économiques. Jusqu'à présent les principales actions entreprises se situaient au niveau de la prise en charge de la maladie. la prévention reste insuffisante, elle intervient, en ce qui concerne l'éducation sanitaire, pour modifier les comportements nutritionnels au plan national. Aujourd'hui, l'enjeu réside dans l'intégration des différentes politiques sectorielles.

ELEMENTS POSSIBLES DE STRATEGIES:

  • La création de centres de références de prise en charge de l'obésité serait un élément de réponse à cette approche multifactorielle, nécessaire à une meilleure coordination entre les acteurs. En aucun cas il ne s'agit de stigmatiser la maladie, mais bien de répondre par des moyens adaptés. Pour la création de ces centres destinés aussi bien aux adultes qu'aux enfants, nous espérons une véritable collaboration répondant à quatre critères principaux.
  1. Une labellisation: à la fois garant de qualité de la prise en charge mais également de possibilité d'évaluation et de réajustement, de formation des acteurs concernés. Cette labellisation legitimerait en outre la mise en place du matériel adéquat pour le traitement des malades obèses, garantissant l'égalité d'accès aux soins.
  2. Une réelle prise en compte de l'aspect social: l'obésité est souvent liée à la précarité. Dès lors le partenariat avec les travailleurs sociaux est indispensable, que ce soit à l'hôpital ou avec des réseaux de ville. Ce partenariat peut être mis en place avec les assistants sociaux, afin de travailler sur l'accès aux droits ( Cotorep, CMU, logement..), les conseillers en économie sociale et familiale, avec qui les patients peuvent aborder les problèmes de gestion, d'élaboration de menu. Les éducateurs ont également un role à jouer, notamment auprès des adolescents.
  3. Un travail sur l'image de soi, la revalorisation de son image: ce travail permet d'accompagner les modifications corporelles en cours ou à venir. Les compétences d'une de dietetciens, en tadem ou non avec celles de psychologues sont necessaires pour ce suivi. Mais l'on peut également penser à des ateliers d'art thérapie, d'expression corporelle, de sports adaptés.
  4. La création de réseaux spécifiques: à l'image du travail réalisé dans la prise en charge des personnes atteintes par le VIH, pouvons-nous imaginer la création et le developpement d'un réseau "Ville/Hôpital Obésité". Ce réseau pourrait réunir autour ce ces centres de références:

- les soignants hospitaliers
- les médecins de villes
- les chercheurs
- les établissements de soins de suite
- les associations de patients
- les travailleurs sociaux
- des propositions de formation
- des moyens de dépistages
- des médiateurs ( avec la médecine scolaire, celle du travail)

Cette liste n'est pas exhaustive, et doit répondre avant tout aux besoins du public concerné.

Pour étayer la pertinence de la mise en place de ces dispositifs, rappelons que le Ministère de la Santé a établi en 2005 une circulaire, annonçant la création de pôles inter régionaux spécialisés dans l'accueil des personnes obèses, mais ces pôles peinent à voir le jour...

  • La prévention: une action plus en amont.
En s'appuyant sur le PNNS2, dont l'objectif est d'améliorer l'état de santé de la population en agissant sur la nutrition, l'un des facteurs déterminants, six axes stratégiques sont dégagés:
  1. Informer et diriger les consommateurs vers des choix alimentaires et des niveaux nutritionnels adéquats.
  2. Prévenir, identifier et gérer les problèmes nutritionnels dans le système de santé
  3. Inciter les industries agro-alimentaires au dialogue avec les associations de consommateurs
  4. Mettre en place des systèmes de contrôles nutritionnels de l'alimentation de la population
  5. Développer la recherche en nutrition , épidémiologie, comportements, recherche clinique
  6. Mettre en place des mesures de santé publique auxiliaires et des actions visant des groupes spécifiques de population
Mais pour être plus concret, afin de mieux prévenir les problèmes de surpoids et plus particulièrement chez les jeunes les programmes de prévention s'accordent tous sur les points suivants: privilégier l'allaitement maternel, stimuler l'activité physique des enfants et adolescents, contrôler les boissons et nourriture des cantines et mettre en place un dépistage systématique. La médecine scolaire a ici un rôle prépondérant.

L'approche classique pour prévenir l'obésité a été centrée jusqu'à présent sur l'appel à la responsabilité individuelle. Menée isolément dans une société obésogène, cette approche se révèle inefficace. Face à un problème multifactoriel, les interventions doivent revêtir un caractère pluridiciplinaire. Puissions-nous arriver à un meilleur équilibre entre approhes individuelles et sociétales, entre actions éducatives et modification du micro-environnement, plus favorables à la santé et à la qualité de vie. Cela sous-tend des mesures économiques et sociales faisant jouer au mieux les forces de synergies


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